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Une formidable campagne de propagande orchestrée par de grands groupes financiers tente depuis plusieurs mois de promouvoir les fonds de pension face à notre système de retraites par répartition, qui serait menacé par l'imminence d'une prétendue catastrophe démographique. Le principe de ce système «par capitalisation» est le suivant : au lieu de reverser une partie de leur salaire aux retraités actuels, les actifs la confierait à des organismes privés qui la valoriseraient en spéculant en bourse. Le capital ainsi constitué leur serait reversé sous forme de rente à leur départ à la retraite. Les partisans des fonds de pension invoquent régulièrement un certain nombre d'arguments fallacieux destinés à affoler et à abuser les citoyens. Face aux résistances le vocabulaire évolue, mais ne nous y trompons pas : derrière l'épargne salariale se cachent aussi les fonds de pension. Une démystification s'impose. La catastrophe démographique n'aura pas lieu. Ceux qui nous répètent à l'envi qu'il «n'y aura plus assez d'actifs dans 10 ans pour payer les retraites des enfants du baby-boom» oublient trop vite que les retraités ne sont pas seuls à la charge des actifs. C'est aussi le cas des chômeurs et des jeunes, dont la proportion diminue lorsque la population vieillit. De plus la baisse du chômage, accompagnée d'un recul souhaitable du temps partiel, compensera en partie la baisse du nombre des actifs. Enfin la croissance de l'économie elle-même viendra financer une part des retraites. En fin de compte, des études sérieuses (1) montrent que la progression prévisible des cotisations retraites, comparée à celle des salaires et étalée sur 40 ans, restera tout à fait supportable. Le miroir aux alouettes des fonds de pension : des «retraites-casino». L'attrait exercé par les fonds de pension repose en fait sur deux chiffres : un capital placé en bourse croît de 25% par an, tandis que les salaires n'augmentent que de 1,5% dans le même temps. Ainsi, même si la contribution des prochaines générations à nos retraites, proportionnelle aux salaires, sera plus élevée qu'aujourd'hui, il semble encore plus avantageux de «jouer sa retraite en bourse». Mais qui peut prévoir l'évolution à long terme des cours de la bourse ? Et que se passera-t-il lorsque tous les retraités revendront leurs actions lorsqu'ils seront à la retraite ? La somme mise en jeu représente mille milliards de francs ! D'autre part il faut garder à l'esprit que le partage actuel de la croissance, qui profite aux revenus du capital (bourse : +25% par an) au détriment des revenus du travail (salaires : +1,5% par an), est intenable à long terme : on aboutirait en 2050 à une situation explosive où les salaires des travailleurs ne représenteraient plus que la moitié de la richesse produite par les entreprises.
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La soif de capitaux du monde de la finance. On évoque parfois le fait que l'introduction de fonds de pension permettrait de répondre à un besoin en capitaux de l'économie française. Mais ce besoin supposé n'existe pas : les entreprises françaises dégagent déjà par leur seule activité plus d'argent qu'elles n'en investissent. En outre on ne voit pas pourquoi les fonds de pension viendraient placer leurs capitaux sur le seul marché français. Ici se révèlent en fait les véritables motivations des partisans des fonds de pension : mettre la main sur les sommes d'argent phénoménales que représentent les retraites. La fin de la solidarité entre générations. Le véritable comportement économique des fonds de pension est en fait déjà trop bien connu : exigences de rentabilité à court terme, détérioration des conditions de travail, vagues de licenciements (comme lors de «l'affaire Michelin»). Les intérêts des futurs retraités s'oppo-seront ainsi à ceux des travailleurs : l'indispensable solidarité entre générations est brisée, les citoyens sont confortés dans un individualisme destructeur. De plus le système par capitalisation, tributaire des capacités d'épargne individuelles, sera inéluctablement synonyme de pauvreté pour les retraités qui n'auront pas bénéficié d'emplois suffisamment stables et bien rémunérés au cours de leur vie active. En conclusion, les fonds de pension ne sont pas seulement démographiquement inutiles, ils seraient également économiquement dangereux et socialement catastrophiques. Qu'elles soient prélevées sur les salaires ou qu'elles proviennent de la revente d'actions, les retraites constituerons une même part des richesses produites au moment de leur versement : en effet, la valeur des actions provient en fin de compte de l'activité économique des entreprises. Seul le système par répartition permet une maîtrise collective de ce partage des richesses. Pour qu'il reste efficace, il faut assurer aux salaires une progression au moins égale à celle des capitaux placés en bourse, indexer les retraites sur les salaires, et s'engager dans une politique de réduction du chômage par la réduction du temps de travail. Enfin, la capitalisation étant un facteur de déséquilibre pour le système par répartition, il faut refuser énergiquement toute introduction, même partielle, de fonds de pension en France.
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Dernière mise à jour : 21 mars 2000 Page réalisée par Roland Vergnioux (web.paris15@attac.org) pour Attac 15ème |