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C'est en premier chef un problème environnemental. 

La raréfaction de la ressource, la baisse de la qualité posent des problèmes sociétaux mondiaux en prémices de conflits ayant l'or bleu pour enjeu, avec le divorce qui s'amplifie entre l'homme et les pouvoirs financiers et avec cette énorme contradiction entre ceux, de plus en plus nombreux, qui se battent dans un combat acharné pour la vie cependant que pour d'autres c'est une marchandise ayant un coût et pour certains une immense source de profits. Dans tous les documents publiés au sein d'ATTAC, c'est ce dernier aspect qui prévaut. 

Il serait dommageable, à mon avis, de ne pas prendre en compte les données qui amènent la raréfaction alors que toute tentative d'harmonisation à l'échelle mondiale doit tenir compte de l'évolution de l'effet de serre et que la bataille doit également être portée en amont, au niveau de la responsabilité des Etats vis-à-vis de l'environnement. Il n'est pas question pour moi de sous-estimer les appels pour une harmonisation, pour une gestion mondiale coordonnée mais je crois que toute mesure sera inopérante si n'est pas abordée la question de fond, celle de la défense de notre environnement.  Aujourd'hui 40% de la population mondiale, répartie sur 80 pays, connaît de graves difficultés d'accès et ce processus va s'aggraver dans un contexte de forte poussée démographique, surtout dans les pays en quête de développement. Les causes : effet de serre et changements climatiques induits, demande accrue de l'industrie et du monde agricole, déforestation, pollution des nappes phréatiques etc.

Ces changements climatiques sont étudiés au sein du GIEC - Groupe Intergouvernemental d'Elude du Climat - placé sous la responsabilité de l'ONU et qui appuie son travail sur plus de 1500 experts de toutes nationalités. Le premier rapport publié en 1997 tirait la sonnette d'alarme : «le réchauffement global devrait conduire à une augmentation du nombre de journées très chaudes et une diminution des journées très froides. Cette élévation des températures entraînera le renforcement du cycle hydrologique d'où un risque d'aggravation des sécheresses et/ou des inondations en certains endroits». On peut lire au chapitre 3-11 des conclusions qui nous interpellent directement : «Une proportion de un tiers à la moitiés de la masse des glaciers alpins actuels pourrait disparaître au cours des cent prochaines années».

Il y a ainsi rupture majeure entre la pénurie annoncée pour beaucoup et une demande sans cesse croissante du fait de l'amélioration des conditions de vie, de la poussée démographique, d'un appel toujours plus important de l'agriculture. On estime aujourd'hui que 330 millions d'individus répartis sur 28 pays souffrent de cette pénurie et, toujours selon ces mêmes experts, ils devraient être entre 2,8 à 3,3 milliards en 2025 sur une population mondiale de 7 milliards, soit près de la moitié. C'est dire notre responsabilité, c'est dire l'urgence d'aborder ce problème en totale priorité.

Si pendant des millénaires l'homme a largement pu subvenir à ses besoins en eau en prélevant ce dont il avait besoin sans que la disponibilité en soit affectée, il n'en est plus de même aujourd'hui. Pendant des millénaires ce sont les eaux souterraines qui ont servi essentiellement à cette alimentation alors qu'elles ne représentent que 0,6% des eaux terrestres.

En Chine, 600 000 forages irriguent la plaine du Ho-Pei, en Australie 5000 forages artésiens débitent quelques 6 milliards de m3 par an. L'Inde ponctionne quelques 150 milliards de m3 et les Etats-Unis utilisent 170 000 puits pour alimenter les hautes plaines du Centre-Ouest. A ce rythme, le renouvellement du potentiel phréatique est largement entamé.

Les réserves aquifères d'Ogalla, aux Etats-Unis, sont réduites de 25% par rapport à ce qu'elles étaient au milieu du siècle dernier. A Beijing, en Chine, le niveau des réserves hydrostatiques baisse de 1 à 2 mètres par an et un tiers des puits sont déjà à sec. A Mexico, le pompage dépasse de 50 à 80% la capacité de recharge. La Libye utilise la nappe aquifère alimentée par les eaux sous-sahariennes du Niger et son gouvernement admet un assèchement dans une cinquantaine d'années.

Jean Hatzfel, Libération 25-26 janvier 1992, rapporte qu'à Nu'eima, village arabe à 12 kilomètres de Jericho, Saleh, un notable du village désignant un filet d'eau surgissant d'une gouttière posée à travers sa plantation, raconte : «autrefois, c'était un vrai ruisseau qui arrosait les terres de tous les hommes du village. Depuis vingt ans, la source n'a cessé de s'amenuiser, et nous, d'abandonner des dunams de dattiers. Du coup, les jeunes s'embauchent la joumée dans les moshavims. Les sécheresses existent depuis la nuit des temps, mais l'eau a toujours coulé. Ce n'est pas Dieu, mais les puits des nouveaux moshadims qui nous assèchent».

La prise de conscience mondiale a été très tardive. La première mise en garde en 1979, lors de la 1ère conférence des Nations-Unies sur le changement climatique dû à l'activité humaine, n'a guère été entendue. Il aura fallu une quinzaine d'années, au sommet de Rio, pour que les pays industriels envisagent le principe de stabilisation de leurs émissions de gaz à effet de serre en les ramenant au niveau de 1990. On peut admettre que le scepticisme initial a disparu lors de la conférence de Buenos-Aires, en novembre dernier, avec la prise en compte économique et financière de l'effet de serre. Il convient cependant d'ajouter que les décisions obtenues restent encore très modestes devant l'ampleur des problèmes, surtout devant l'opposition des Etats-Unis et de ses difficultés à résoudre ses propres problèmes industriels et agricoles. 

 
 
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Dernière mise à jour : 23 mars 2000
Page réalisée par Daniel Vivas pour Attac 15ème