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Les problèmes à résoudre sont donc complexes et relèvent tous de décisions hautement politiques. 

Dans l'ancienne Palestine, l'eau se localise en trois dépôts principaux : le lac Tibériade qui fournit un tiers des besoins, un fleuve souterrain sous le versant ouest des collines cisjordaniennes, de Jenin jusqu'à Be'er Shera fournit le second tiers, l'essentiel du reste est alimenté par un fleuve qui s'étend le long de la mer, d'Aquiva jusqu'à Khan Yunis. Ces nappes auxquelles s'ajoutent des sources sur la face orientale des collines de Cisjordanie contiennent environ 1,9 milliards de m3 par an. Or en 1991 les 5 millions d'israéliens en prélevaient 1,75 milliard cependant que les 1,8 millions de palestiniens en puisaient 350 millions. Le déséquilibre né d'une agriculture israélienne dispendieuse était de l'ordre de 200 millions de m3 par an avec en conséquence un regain de tension. 
 
La Turquie, véritable château d'eau, contrôle les deux fleuves qui irriguent en aval la Syrie et l'Irak. Le projet en cours de réalisation visant à réaménager les deux fleuves avec la construction d'une vingtaine de barrages destinés à irriguer 1 800 000 hectares du sud-est anatolien va se traduire à terme par une perte de débits de 50 à 70% au détriment des deux pays concernés en aval. L'orientation donnée va être d'autant plus grave que la qualité de l'eau va se trouver fortement perturbée par l'utilisation de pesticides et d'engrais pour le développement agricole. 

Il est évident que les grands groupes regardent de près les extraordinaires ouvertures offertes par l'or bleu, chiffrées à quelques 600 milliards de dollars qui devraient être investis pour faire face, correctement, à l'accroissement de la demande. Dans ce jeu, nos trois français démontrent une forte capacité de manoeuvre. Mais ne nous trompons pas. Les enjeux à l'échelle mondiale pour rééquilibrer les rapports Nord-Sud appellent des réponses politiques relevant de décisions de la communauté internationale. 

L'expérience prouve que toute mobilisation massive de capitaux ne peut suffir à surmonter les contradictions si les antagonismes entre les nations ne sont émoussés, car les fleuves et les nappes phréatiques ignorent les frontières. La première étape à franchir est donc une étape politique par la franche mutualisation des besoins et des potentiels, donc une prise en compte des intérêts communs au delà des divergences, certes souvent difficiles à surmonter. 

L'Europe a un rôle majeur à jouer en l'occurrence, face à la volonté américaine d'affirmer par places choisies une primauté issue d'une logique du porte-monnaie et de l'épée. L'exemple du Moyen-Orient en est la parfaite démonstration. Celui qui détient les verrous de l'eau tient en main les destins du voisin et aura toujours l'oncle Sam à ses côtés. Toutes les prises de position contre les puissants groupes privés, toutes les actions envisagées contre les oligopoles risquent de conduire à des culs-de-sac si la dimension politique globale née du problème environnemental n'est pas abordée de front. 

ATTAC a posé le principe d'une taxation sur les énormes masses financières spéculatives qui circulent quotidiennement. Cette orientation prend sérieusement corps dans les milieux politiques. La logique voudrait que le produit de telles taxations serve à la réduction des inégalités entre les peuples et l'eau en est l'un des vecteurs. 
 
La réalité montre que le pouvoir décisionnaire est exclusivement exercé par les pays les plus puissants. Aucune mesure d'ampleur, aucune solution pour toute la planète ne pourront être validées concrètement si les décisions prises et leurs contrôles ne sont pas du ressort du syndicat de tous les pays et non de celui de quelques-uns au gré de leurs impératifs particuliers. 

Le combat pour l'eau, pour la survie de pans entiers de notre planète, passe aussi par la défense de l'ONU. Quels que soient les défauts constatés, les paralysies, il n'en demeure pas moins que l'ONU représente pour les pays avancés un frein au point qu'il leur a fallu inventer des structures parallèles, beaucoup plus souples, tels l'OMC, la Banque Mondiale, leur permettant d'asseoir leur primauté sur le reste du globe, tout en facilitant le jeu des puissants groupes monopolistes.

En conclusion, je dirai qu'il convient que nous demandions qu'une partie de la taxation que nous demandons soit affectée à la création de pôles énergétiques pour la création d'eau douce de pays engagés dans la lutte contre la sécheresse. Il convient pour ce faire que l'Europe serve de moteur dans ce combat et ATTAC a un rôle à jouer en l'occurrence. Mais ce combat ne peut pas se faire sans que l'ONU ne bénéficie d'une restitution des pouvoirs qui lui ont été conférés au début de son existence.

 
 
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Dernière mise à jour : 23 mars 2000
Page réalisée par Daniel Vivas pour Attac 15ème