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Parmi les idéologues de l'ère informationnelle et du virtuel qui nous promettent des lendemains qui chantent, on retrouve de grands patrons de l'industrie informatique tels Bill Gates de Microsoft, Steve Case d'AOL mais aussi des intellectuels, des scientifiques tel que Joël de Rosnay directeur de la cité des sciences et de l'industrie, qui en sa qualité de visionnaire affirme dans un article intitulé « La révolution informationnelle» que « le contrat de travail enferme aujourd'hui la logique de la croissance dans une matrice à une seule dimension : du temps contre du salaire. [...] On voit ainsi apparaître une nouvelle catégorie socio-économique, « les salariés libéraux» : tantôt à employeurs multiples, tantôt consultants, conférenciers ou enseignants, champions des télé-activités grâce à leur outil de communication et de traitement de l'information. Les enquêtes indiquent que de nombreux salariés sont ouverts à des formes complémentaires de rémunération. A une augmentation de salaire, certains préféreront une amélioration de la qualité de vie, une formation, une réduction du temps de travail, la création d'une épargne temps». On peut se demander sur quelle planète vit Joël de Rosnay quand on connaît le nombre d'emplois précaires (salaire contre travail et temps aménagé mais surtout pas négociable) qui ne cesse d'augmenter en Europe et dans le monde. Et même pour cette infime partie de « salariés libéraux» qui auraient soit disant le choix, ne s'exposent-ils pas au risque de voir leur univers privé et professionnel totalement confondus et finalement voir l'espace familial, social se réduire, pour faire place à celui uniquement professionnel accentuant ainsi la fléxibilité de l'emploi et fragilisant aussi l'environnement familial. Qu'est ce que signifie l'espace temps dans la pensée de De Rosnay quand chaque jour nous est démontré que le temps c'est de l'argent. Cet espace temps ne se réduit-il pas, pour ceux qui savent vivre avec leur temps et par conséquent leur argent, à pouvoir en tout lieu et à tout moment grâce à Internet et à sa connexion permanente, consulter leur courrier électronique avec leur ordinateur portable ou même maintenant avec leur téléphone portable. Ce geste aux dires de certaines publicités est le symbole de liberté, de modernité et de progrès. Mais de quel progrès, de quelle modernité parle-t-on quand justement ces objets nous sont présentés en réalité comme des objets de pur consommation qui amènent à des conversations standards de type « Devine d'où je t'appelle ?» ou « moi aussi j'ai 3 adresses e-mail» témoignage que ce qui est important c'est ce que l'on montre, ce que l'on expose comme objet de communication. Le message à faire passer, c'est « Moi aussi, je suis connecté  à ce cerveau global, donc j'existe», qui se répand insidueusement dans tout ce qui diffuse de l'information ou de la communication. Le ton et la teneur de l'article paru dans le nouvel économiste de décembre 1999 « La France bascule dans Internet » annoncent ostensiblement cette fascination dangeureuse et aveugle vouée à cette technologie. Les publicités dont gratifient au public les transnationales comme IBM ou CISCO systems illustrent bien aussi cette grande messe du modernisme planétaire.