A T T A C France

La première idéologie forte autour d'internet est celle qui repose sur le messianisme politique (ou voire encore à certains moments sur le charlatanisme politique). Ce discours politique, c'est la grande messe dont la litanie consiste à dire, à répéter que dans le contexte de la crise au sens large faire communiquer les hommes plus facilement au moyen de ce réseau interconnecté de manière ininterrompue, permettra à la fois de doper la croissance économique, d'améliorer le sort de l'humanité, de renforcer la démocratie et d'apporter la paix dans le monde. Cette harangue est partie des Etats-Unis, avec un projet, un programme d'action qui a été lancé en 1993 : le National Information Infrastructure (NII) qui s'inscrivait dans le vaste projet des autoroutes de l'information avec pour objectif de connecter les entreprises, les écoles, les hopitaux, les particuliers et les organismes publics par des réseaux de communication à grand débit, ultra rapides et interactifs. 

C'est le vice président Al Gore qui sous la première et nouvelle investiture Clinton en a été l'instigateur. Dans ce qui devient un an plus tard, non plus le National Information Infrastructure, mais le Global Information Infrastructure (GII), on est bien dans une dynamique de globalisation, de mondialisation, et Al Gore ne manque de le rappeler et d'en souligner les vertus « Ces interconnexions nous assureront une croissance économique solide et soutenue, renforceront la démocratie, permettront de traiter plus efficacement les problèmes écologiques aux niveaux local et planétaire, d'améliorer les systèmes de soins médicaux, et en définitive de développer notre sentiment de participer à une gestion solidaire de notre petite planète ». On remarquera le ton à la fois rassembleur, lénifiant, voire franchement aliénant pour faire mordre à l'hameçon tous les peuples et les nations en panne de projet social. Depuis cette phrase fera des émules en Europe et bien évidemment en France. Lionel Jospin à Hourtin en 1997 déclarait :« Les bouleversements introduits par les technologies de l'information dépassent largement le seul enjeu économique : l'essor des nouveaux réseaux d'information et de communication offre des promesses sociales, culturelles et, en définitive, politiques ». 

Il est vrai qu'Internet et les outils propres à l'informatique lorqu'ils sont reliés en réseau constituent d'extraordinaires vecteurs de ressources informationnelles permettant une diffusion à large échelle. Des exemples ne manquent pas pour démontrer les différents moyens d'expressions démocratiques possibles sur le Web : les forums de discussion (le commissaire européen Pascal Lamy en avait ouvert un par exemple avant Seattle), les messageries électroniques qui ont permis à certaines ONG internationales qui disent NON à l'OMC de se rassembler et de s'organiser pour les manifestations de Seattle (voir article de Susan George dans le Monde Diplomatique de Janvier 2000), ou bien encore celles qui consistent à bâtir des sites informationnels qui permettent par exemple comme au Mexique de dénoncer les exactions de l'armée mexicaine au Chiapas (Où les différents médias à forte diffusion ont plutôt briller par leur mutisme). Mais à qui profite cette puissante "communicabilité" ? Essentiellement aux pays les plus riches définis par l'ONU et c'est aux Etats-Unis que l'on retrouve la plus grosse partie des utilisateurs d'Internet (les internautes) avec 57% (Diapo 3, Diapo 4, Diapo 5). Et comme on le verra en troisième partie de cet exposé, on retrouve une présence américaine hégémonique sur le terrain économique et marchand pour une bataille commerciale qui s'annonce rude et sans ambages.