Pour toutes ces raisons, les collectivités locales constituent
un terrain privilégié à partir duquel les citoyens
et leurs élus peuvent faire barrage à la marchandisation
du monde et développer des solidarités internationales.
Pour poursuivre la réflexion et le débat, nourrir les
actions nécessaires, pour penser global et agir local, nous proposons
quatre grandes priorités sur lesquelles des rassemblements sont
possibles et urgents :
1. Répondre aux besoins de démocratie locale
Face à des décisions économiques qui prennent
de plus en plus la dimension du fait accompli, il nous faut revivifier
la démocratie locale, lutter concrètement contre les inégalités
sociales et culturelles, répondre aux attentes et besoins des citoyennes,
des citoyens. Cela passe par la confrontation entre ces derniers, les décideurs
économiques et sociaux pour, enfin, imaginer d'autres possibles.
Face à la connivence des opérateurs privés, il
nous faut promouvoir un observatoire des collectivités locales qui
aurait pour fonction d'élaborer des propositions assurant des convergences
d'attitudes et d'actions. Cela permettrait également de nouvelles
coopérations entre collectivités locales.
Le droit de vote des étrangers résidents en France devient
une exigence démocratique de bon sens, un facteur de développement
maîtrisé des villes et des quartiers.
2. Répondre aux besoins de financement
La financiarisation de l'économie permet à une partie
essentielle de la richesse réelle des grandes entreprises d'échapper
à l'impôt. La fiscalité devrait, au contraire, inscrire
l'entreprise dans une relation citoyenne et responsable à l'égard
de son territoire. De ce point de vue, le contrôle des fonds
publics alloués à l'emploi s'impose, ainsi que le remboursement
des sommes détournées de cet objectif.
De même, il apparaît indispensable de repenser les outils
publics d'intervention financière mis à disposition du développement
local en termes de péréquation, de prêts et de crédits
publics. Et ce, aux plans local, nationale et européen.
3. Répondre aux besoins de développement
Il est urgent de donner aux services publics les moyens de jouer pleinement
leur rôle d'acteurs économiques, générateurs
de lien social ; d'accroître leur efficacité en réponse
aux besoins, en concertation avec, notamment, le secteur coopératif
et de l'économie solidaire, et les entreprises intermédiaires
; de promouvoir toute coopération allant dans le sens de la création
d'emplois et de la réponse aux besoins nouveaux ou insuffisamment
satisfaits.
La lutte contre les inégalités sociales doit s'appuyer
sur des politiques publiques et volontaristes d'emploi, faisant appel à
l'ensemble des acteurs économiques : secteur privé, secteur
intermédiaire, coopératif et associatif. Ces politiques doivent
bénéficier des instruments législatifs et des moyens
financiers nécessaires.
Il convient de rompre avec la marchandisation de l'eau pour lui substituer,
au service du citoyen usager, une logique de gestion d'une ressource partie
intégrante du patrimoine commun de l'humanité. Il en va de
même pour le ramassage des déchets ménagers qui nécessite
de lourds investissements et se heurte aux logiques de rentabilité.
4. Répondre aux besoins culturels
Face à une mondialisation marchande qui exclut de plus en plus
de jeunes et de moins jeunes, qui perpétue un état d'infra-citoyenneté
dû au sentiment de perte de contrôle, d'impuissance, de fragmentation
de l'existence, la culture et l'art peuvent être des terrains privilégiés.
Il est donc souhaitable que, parallèlement à la lutte
contre la précarisation et l'exclusion, les villes mettent en place
davantage de lieux, activités et moyens favorisant la création
culturelle et artistique.
5. Répondre aux besoins d'échanges et de coopérations
Face à une mondialisation qui exacerbe la concurrence, il est
temps de stimuler et de démultiplier les initiatives pour une nouvelle
entente internationale, particulièrement avec les pays du Sud et
ceux d'Europe de l'Est. Rapprochements, coopérations, transferts
divers sont possibles et souhaitables, s'ils s'inscrivent dans la perspective
d'un développement durable et partagé, s'ils visent l'utilisation
respectueuse et rationnelle des ressources naturelles.
Dans ce cadre, les grandes questions de l'annulation du système
de la dette, du financement du social à l'échelle mondiale,
intégrant les droits matériels et politiques de la personne
humaine, notamment au logement, à l'accès à l'eau,
à un environnement sain, à la santé et à l'éducation,
constituent autant d'enjeux de développement, autant de terrains
de coopérations et d'échanges. La construction de relations
entre villes soutenant le projet d'une taxe Tobin s'inscrit dans ce champ
de solidarité.
Citoyennes, citoyens, élus et acteurs locaux, il nous appartient
de nous saisir de ces enjeux. Pour cela, nous appelons au développement
d'un grand débat national et international, résolument tourné
vers l'action. Car il s'agit bien, ainsi que le souligne la charte
d'attac, de se réapproprier ensemble l'avenir de notre monde. |