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Paris 15e arrondissement

LA RENCONTRE AMOUREUSE

J'évoquerai la fonction de mise en scène des représentations que représente le scénario fantasmatique. On peut dire que la rencontre amoureuse est celle de deux scénarios fantasmatiques, par l'autosuggestion de chacun, ou par la suggestion de l'un par l'autre, en relation avec les prototypes infantiles. L'amour, comme l'a noté Freud, rend toujours l'amoureux très réceptif à la suggestion. D'où le coup de foudre !

La mise en scène fantasmatique est un mode de liaison de la libido qui participe à l'émergence du désir et à son maintien dans la déliaison de la jouissance. La communication des scénarios fantasmatiques, avant l'amour, est du ressort de la séduction. Pendant l'acte amoureux, cette communication est plus difficile, car il s'agit de dévoiler, de faire partager ou d'imposer érotiquement des fantasmes pervers polymorphes, souvent incestueux, souvent masochistes qui contribuent à la jouissance. Après l'amour, il est plus rare que les amants continuent à parler d'amour. Et pourtant, parallèlement à la tendresse, la mise en scène de nouvelles représentations affectées peut maintenir le pôle libidinal de la poussée constante, et le désir. Mais il s'agit d'un art qui n'a plus cours dans notre civilisation de « fast-love ».

Jusque là il ne s'agit que de la composante perverse polymorphe, normale et souhaitable, de toute psychosexualité humaine

LA DERIVE PERVERSE

C'est quand le scénario devient contrainte à l'agir, impérieux, compulsif, répétitif, pour le sujet qui le vit, et qui l'impose au partenaire, qu'on entre dans la dérive  perverse  du masochisme érogène. Le sujet subit l'emprise de but d'une pulsion « fécalisée » et la fait subir au partenaire, réduit au statut d'objet fétichisé . Tous deux sont alors enchaînés , et il ne s'agit pas d'un lien, mais d'un « contrat ». La relation, souvent très forte, est subordonnée à l'observation et à la durée du contrat. L'amour est rarement au rendez-vous.  L'altérité subjective est déniée.

Une femme peut se laisser entraîner dans un scénario pervers par un homme pervers, lorsque celui-ci a su tout au début, sous le masque d'un amant de jouissance et de la promesse d'amour, ouvrir son féminin et en faire vibrer la composante masochiste. Il se fait passer pour un initiateur, celui qui est le seul à connaître la vérité sur la jouissance de la femme, et ce n'est que l'escalade, la contrainte, le malaise croissant, et le sentiment de souillure, d'abjection qui la mettra sur la voie de la « fécalisation » dont elle est l'objet. Mais un homme peut tout aussi bien être prisonnier d'une relation à une femme perverse qui tend à disqualifier sa virilité, à le castrer.

L'institutionnel familial ou social se prête fort bien à toutes sortes de relations et pratiques de type pervers entre les sexes.

LA CONFUSION DES MASOCHISMES

J'associe Claude Goldstein, membre du mouvement ATTAC,  à cette réflexion qu'il a fortement inspirée.

Il est acquis que les femmes sont plus exploitées que les hommes.

Il y a en effet profit à tirer des positions masochistes chez les femmes pour les verser dans les positions masochistes institutionnelles, c'est à dire pour exploiter leur masochisme moral. Ce que Freud reconnaissait bien : les femmes sont réglées sur le masochisme par les institutions. On peut leur faire subir tous types d'exploitation, et se servir d'elles pour d'autres types d'exploitation, comme le soulignait Sélima Ghezali. On se sert d'une évidence pour camoufler que l'homme exploite l'homme, et tout ce qui est exploitable.

Le social tend à faire coïncider deux mécanismes dont l'un est une exploitation, celle du masochisme moral,  et l'autre une exaltation, celle du  masochisme libidinal.

Pourquoi Freud n'a-t-il pas vu la différence ? Parce que, pour lui, la sexualité féminine est homogène au mouvement d'exploitation économique, alors que la sexualité féminine appelle un abus de pouvoir libidinal dans la relation sexuelle. Seul l'abus de pouvoir est majoré par la terreur que les hommes ont des femmes, et par la domination sociale masculine.

 Le masochisme ayant toujours eu et ayant toujours mauvaise presse,  le  masochisme érotique libidinal n'a pas été théorisé par Freud, ni par les analystes.

Il faut y ajouter :

- l'envie masculine envers la femme, le féminin et le maternel

- la répression du masochisme libidinal, dissimulé dans le masochisme moral. C'est le masochisme libidinal qui est le plus persécuté. Cela permet de régler des comptes avec la femme qui fait peur (ex : les pratiques d'excision , etc). Et de  profiter de l'exploitation sociale de la femme travailleuse pour perpétuer la haine de la femme de jouissance

- mais il y a aussi le fait que la femme, dans le sexuel, exploite le masochisme des hommes quand elle le peut. Il y a un bénéfice à l'envie du pénis de la femme dans le fait de se dire persécutée et de trouver une forme réelle de persécution. La surexploitation de la femme sert alors de support idéologique de la rancoeur de la femme envers l'homme qui a un pénis qu'elle n'a pas.  Cela permet de régler un autre compte : le refus d'être vaincue érotiquement par l'homme, forme féminine du refus du féminin.

A titre de forme de réalisation de l'exploitation, celle de la femme a deux spécificités :

- d'une part, elle  mêle du sexuel et de l'économique

- d'autre part, le féminin n'est pas une superstructure, comme le politique ou l'idéologique, et c'est ce qui mène à substituer au sexe le genre, qui est une construction sociale.

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Dernière mise à jour : 29 janvier 2001
Page réalisée par Roland pour Attac 15ème