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Paris 15e arrondissement

LE TRAVAIL DE FEMININ

L'amant est à la sexualité de la femme ce que la pulsion a été pour le moi :  l'exigence d'accepter l'étranger , à la fois inquiétant et familier. Elle est donc, malgré elle, contrainte à un travail de féminin. Aucune femme ne peut se laisser pénétrer si elle n'a réussi à transformer ses angoisses d'intrusion prégénitales en angoisses de pénétration  génitales. Le fantasme de viol, très érotisé, vient souvent, à la puberté, marquer le passage d'un mode d'angoisse à l'autre.  

Le double changement d'objet

La domination de l'homme, incontestable dans l'organisation de toutes les sociétés, renvoie, du point de vue psychanalytique, à la nécessaire fonction phallique paternelle, symbolique, laquelle instaure la loi, qui permet au père de séparer l'enfant de sa mère et de le faire entrer dans le monde social.

Je dirai que, à la suite du père oedipien, l'amant de jouissance vient également en position de tiers séparateur pour arracher la femme à sa relation archaïque à sa mère.  Si la mère n'a pas donné de pénis à la fille, ce n'est pas elle non plus qui lui donne un vagin. C'est en créant, révélant son vagin que l'homme pourra arracher la femme à son autoérotisme et à sa mère prégénitale. Le changement d'objet est un changement de soumission : la soumission anale à la mère, à laquelle la fille a tenté d'échapper par l'envie du pénis, devient alors soumission libidinale à l'amant.           

Depuis la nuit des temps, les hommes doivent venir arracher les filles à la nuit des femmes, aux « reines de la nuit ».

LE TRAVAIL DE MASCULIN

Le travail de masculin de l'homme consiste à  laisser  la poussée constante s'emparer de son pénis, alors que son principe de plaisir peut l'amener à se contenter de fonctionner selon un régime périodisé, de tension et de décharge. Ce qui, bien évidemment, ne signifie pas avoir une activité sexuelle constante, mais la capacité, pour un homme, de pouvoir désirer constamment une femme, avec un pénis libidinal, que sa peur de sa propre mère archaïque, de sa propre jouissance ou de celle de la femme ne conduisent pas seulement à la décharge ou au retour dans le moi, mais à la découverte et à la création du « féminin » de la femme. C'est à dire qu'il puisse se démettre, pour un temps, du contrôle de son moi, lâcher lui aussi ses défenses anales et phalliques. Et qu'il parvienne à  surmonter les fantasmes d'un pénis qui tend surtout à vérifier sa solidité dans la relation sexuelle, et à ne pas être terrorisé par des fantasmes liés au danger du corps de la femme-mère.

« Quel est celui qui, au nom du plaisir, ne mollit pas dès les premiers pas un peu sérieux vers sa jouissance ? » écrit Jacques Lacan. J'ajouterai : vers la jouissance de l'autre?

Une femme sait quand on la  désire constamment, c'est ainsi qu'elle se sent aimée. Elle sait aussi qu'une relation sexuelle à poussée constante ne s'use pas, et qu'elle creuse de plus en plus son féminin.

La dissymétrie de la différence des sexes s'enrichit par des identifications. L'homme va aussi se sentir dominé par la capacité de la femme à la soumission, à la réceptivité et à la pénétration. Plus la femme est soumise sexuellement, plus elle a de puissance sur son amant. Plus loin l'homme parvient à défaire la femme, plus il est puissant. L'amour est au rendez-vous.

LE « REFUS DU FEMININ » QUAND MEME

Le génital adulte, tel le rocher de Sisyphe, est constamment à gravir, à construire et à maintenir, du fait de la poussée permanente de la pulsion sexuelle et du désir. Car le « féminin » est constamment en mouvement d'élaboration et de désélaboration vers le « refus du féminin ». Le « féminin » est toujours à reconquérir par le « masculin ».

La reprise narcissique par la femme de son « refus du féminin » est un des moteurs de la poussée constante du pénis de l'homme, qui aura, à chaque pénétration, à la reconquérir. Cela contribue à rendre la femme désirable, et à maintenir le « masculin » de l'homme dans son désir de conquête, constamment renouvelé, du « féminin » de la femme.

L'effet effracteur-nourricier de la relation sexuelle est donc l'un des nécessaires leviers du désir, et de sa dynamique selon la poussée constante.

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Dernière mise à jour : 29 janvier 2001
Page réalisée par Roland pour Attac 15ème