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La révolution conservatrice a débuté dès les années 60 avec les théories économiques de l'École de Chicago (Milton Friedmann) et des « think tank » comme la Société du Mont Pélerin à Vevey en Suisse ou l'Institute of Economic Affairs en Grande-Bretagne (voir « Les Évangelistes du marché » par Keith Dixon, collection Liber / Raisons d'Agir). C'est un attaque frontale contre l'état social issu de l'ordre keynésien. La révolution conservatrice a tout particulièrement remporté des victoires sur le plan culturel en popularisant des notions qui avaient été rejetées 40 plus tôt, comme celle de déréglementation. Elle a aussi gagné la bataille des mots : 

• la notion d' « État Providence » prend une connotation péjorative,
• la précarité devient « flexibilité »,
• les avancées sociales obtenues par les luttes intervenues depuis le début du siècle deviennent des « avantages acquis »,
• les luttes visant à maintenir une politique sociale deviennent des « corporatismes ».

• on constate une uniformisation culturelle,
• on constate un durcissement des politiques pénales (voir « Les Prisons de la misère » par Loïc Vacquant, collection Liber / Raison d'Agir),
• on constate une forte tendance à la concentration des grandes entreprises, risquant à terme d'entraver la libre concurrence.

1. Un effet de dématérialisation (uniformisation des cultures, standardisation des produits, baisse du rôle des états) qui entraîne une demande accrue de concret, de racines, 
d'identification. Cela a bien entendu des effets pervers : nationalisme, intégrisme, narcissisme exacerbé (à travers l'importance accordée aux marques commerciales). Mais bien canalisé cela peut aussi constituer un point d'ancrage pour la société civile : défense des identités culturelles, des traditions ... 

2. L'appétit de consommation est bien évidemment un atout pour le capitalisme, mais paradoxalement il devient une fragilité lorsque le rapport à la consommation devient qualitatif : qualité de la nourriture, qualité de l'air, qualité de vie. Ces qualités là le capitalisme mondial ne peut les offrir qu'à une infime minorité de privilégiés. Ce désir de qualité entraîne la recherche d'un autre mode de développement qui favorise la renaissance de la citoyenneté. 

3. La notion d'image qui est fortement mise en avant par les chantres du marketing est appliquée aussi bien aux produits de consommation qu'aux hommes politiques. Au départ l'image de la « terre ouverte » constamment martelée par les tenants de la révolution conservatrice paraît particulièrement positive. Mais de la même façon que pour la consommation il se produit un glissement vers le choix d'un autre mode de mondialisation (manifestations de Seattle). Déjà le mouvement civique a réussi à se réapproprier certaines images. Le terme de « Terminator » appliqué à certaines semences incapables de se reproduire (firme Monsanto) a été inventé par les militants écologistes et est maintenant utilisé dans le monde entier (et même par le personnel de Monsanto). Il en a résulté une dépréciation notable de l'image de la firme qui a entraîné une réaction très négative de la bourse. 

4. La mondialisation elle-même, car elle ne peut se concevoir sans un mode de régulation, et la révolution conservatrice est pour l'instant incapable de l'imaginer, d'où des déséquilibres catastrophiques : le revenu cumulé des 350 personnes les plus riches du monde est égal à celui des 2 milliards les plus pauvres. 

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