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Paris 15e arrondissement

3- La valeur internationale de la monnaie

Le taux de change est resté pendant longtemps le symbole de la souveraineté d'une nation, c'était aussi un instrument de la politique économique. On pouvait en dévaluant donner un coup de pouce aux exportations et relancer l'activité. Pour retirer 1000 FF de la vente d'un bien aux USA il faut le vendre 200 $ lorsque 1$=5fF. Après dévaluation (1$=5,5 FF) on pourra baisser le prix à 182 $ et encaisser 1000 ff. Cette baisse du prix favorisera les ventes et la croissance en France. A contrario, la dévaluation renchérit les importations, cela peut favoriser les entreprises françaises concurrentes de produits importés. Les dévaluations provoquent souvent de l'inflation.

Les marchés fixent les cours

En théorie, le cours d'une monnaie dépend de 2 facteurs :

  • La balance commerciale : si elle se dégrade, le taux de change devrait baisser. Tôt ou tard l'état devra emprunter des devises pour payer son déficit commercial. NB : Les Etats Unis maintiennent un cours élevé du dollar malgré un déficit commercial important

  • Les flux de capitaux à long terme (investissements) et à court terme. Le taux de change augmente s'il rentre durablement plus de capitaux qu'il n'en sort.

En pratique les cours dépendent des mouvements de capitaux à (très) court terme. Ils représentent des montants très supérieurs aux flux générés par les échanges commerciaux et les investissements.

Les opérateurs sont principalement sensibles aux anticipations qu'ils font de l'inflation. La rentabilité des entreprises et des placements devrait faire monter le cours de la monnaie. Une inflation plus forte dans un pays dégrade la compétitivité des exportateurs nationaux et laisse prévoir à une dépréciation du cours. La politique monétaire apparaît en fin de compte comme le principal critère. Il s'agit là d'anticipation, peu importe que les opérateurs se trompent, s'ils sont nombreux à parier à la baisse, les cours baisseront.

La logique des marchés est souvent déroutante, les cours s'écartent durablement des fondamentaux de la théorie. Par exemple rien n'explique le cours actuel du dollar par rapport à l'euro si ce n'est le sentiment que la majorité des opérateurs se fait de la rigueur de la politique monétaire européenne.

La dictature des marchés ?

Un pays ne peut pas durablement maintenir un taux de change fixe s'il laisse les capitaux circuler librement. Aucun état ne peut résister à un mouvement de spéculation à la baisse.

Lorsqu'une monnaie est pleinement convertible, n'importe qui peut emprunter des £ pour acheter des $ par exemple. Si une majorité d'acteurs pensent que la livre va se déprécier à court terme, ils seront très nombreux à le faire ce qui amplifiera le mouvement de baisse. La Banque d'Angleterre sera vite à court de devises, elle sera donc contrainte de dévaluer. Les outils de politique monétaire se révèlent alors inopérants. Il faudrait par exemple faire passer les taux d'intérêts à plus de 100 % si le marché parie sur une dévaluation dans un mois.

Lorsque la monnaie d'un pays se dévalue, la charge de sa dette libellée en devise augmente, ce qui augmente ses besoins de devise et contribue à déprécier encore plus sa monnaie. Le pays se trouve alors rapidement en défaut de paiement. Par ailleurs, les opérateurs étrangers bradent leurs créances pour acheter des devises ; ce phénomène contribue à dégrader le bilan des banques et initie un cycle de déflation de l'activité économique.


Il est plus aisé de faire baisser le cours de sa monnaie. La banque centrale peut acheter des devises (et vendre sa propre monnaie). Elle favorisera ses exportateurs mais elle risque l'inflation.

La libre circulation des capitaux est-elle nécessaire ?

Des taux de change stables facilitent échanges commerciaux, leur variabilité ne profitent qu'aux opérateurs financiers (et pas à tous). Le FMI et un certain Mundel ont établi qu'un pays ne pouvait pas à la fois mener une politique économique autonome, maintenir le taux de change et laisser circuler librement les capitaux. Seul 2 de ces trois objectifs sont possibles simultanément. Maintenir la parité de sa monnaie peut conduire à asservir sa politique économique à celle du pays dominant ou des marchés. Il en a été ainsi lorsque la France, pour maintenir la parité entre le Franc et le Mark, a dû relever ses taux d'intérêts en même temps que la Bundesbank alors qu'aucun signe d'inflation n'existait en France.

La libre circulation des capitaux retire donc aux états une partie de leur autonomie, ils doivent abandonner une partie de leurs prérogatives (le cours de la monnaie ou la politique économique). Dans ces conditions pourquoi ne pas envisager de restreindre la circulation des capitaux ? C'est l'idée de Tobin qui voit dans les mouvements de capitaux à court terme un danger pour le système économique mondial (qu'il souhaite libéral).

Faut-il un euro fort ?

La plus part des commentateurs se lamentent sur la baisse de l'euro, mais cette situation est plutôt une aubaine et présente peu d'inconvénients. Le renchérissement des produits importés n'a pas provoqué d'inflation. Il pourrait même favoriser nos industries en les incitant à créer des produits de substitutions. Le cours du dollar n'a pas empêché les entreprises européennes d'investir à l'étranger. Quant à nos exportations un dollar élevé renforce la compétitivité de nos entreprises.

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Dernière mise à jour : 13 février 2002
Page réalisée par Roland pour Attac 15ème