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L'ANTAGONISME ENTRE LE DEVELOPPEMENT PSYCHOSEXUEL ET CELUI DU MOI

Freud, en 1937,  désigne le « refus du féminin » dans les deux sexes comme « une part de cette grande énigme de la sexualité »,  comme un « roc d'origine », mais aussi comme un roc ultime sur lequel viennent se  briser tous les efforts thérapeutiques.

Mais, pourquoi le féminin?

Pour tenter d'y répondre, j'ai formulé, dans Le refus du féminin,  plusieurs  hypothèses.

Féminin et différence des sexes

Une première hypothèse est  que ce fameux roc est refus de ce qui dans la différence des sexes s'avère être le plus étranger, le plus difficile à cadrer dans une logique anale ou  phallique, à savoir le sexe féminin.

Rappelons que Freud décrit le développement de la psychosexualité à travers  trois couples :  actif/passif , au stade anal, qui désigne un couple d'opposés ou de polarités ; phallique/châtré , soit un fonctionnement par tout ou rien ; et enfin, le couple masculin/féminin , qui désigne une véritable différence, la différence  des sexes,  que Freud situe lors de la puberté, au stade dit « génital ».

Cependant, les formulations que Freud utilise expriment à quel point ce « génital » se détache difficilement des précurseurs  prégénitaux. Le vagin  est « loué à l'anus », selon l'expression de Lou Andréas Salomé, reprise par Freud. Le pénis est assimilé à la « verge d'excréments ». Le sexe féminin se définit en fonction du pénis, comme une annexe : « le vagin prend valeur comme logis du pénis ». Et quand Freud parle de l'homme de la relation sexuelle, il en parle comme d'un « appendice du pénis ».

Après avoir posé la différence des sexes, Freud la remet en question. En 1937, un quatrième couple surgit : bisexualité/refus du féminin dans les deux sexes . Il est intéressant de noter que tout autant le nouveau couple que chacun des termes de ce  couple, pris séparément, renvoient à une négation de la différence des sexes   

- d'une part, le refus du féminin  est refus, je le répète, de ce qui est le  plus difficile à cadrer dans une logique anale ou phallique. Un sexe féminin invisible, secret, étranger et porteur de tous les fantasmes dangereux. Il est inquiétant pour les hommes parce qu'il leur renvoie une image de sexe châtré qui leur fait craindre pour leur propre sexe, mais surtout parce que l'ouverture du corps féminin, sa quête de jouissance sexuelle et sa capacité  d'admettre de grandes quantités de poussée constante libidinale  est cause d'angoisse.

- d'autre part, autant la bisexualité psychique a un rôle organisateur au niveau des identifications, particulièrement dans les identifications croisées du conflit oedipien, autant le fantasme de bisexualité, comme la bisexualité agie,  constituent une défense vis à vis de l'élaboration de la différence des sexes au niveau de la relation sexuelle génitale.

Le « roc » du refus du féminin

Freud, par ce terme de « roc » induit un point de vue pessimiste sur la sexualité , et qui désigne, sans le dire explicitement,  aussi bien l'impuissance sexuelle que celle de l'analyste à y remédier.

En effet,  Freud estime que la femme en resterait rivée à son envie du pénis - ce qui n'est pas faux, pour une part -, et l'homme à son angoisse homosexuelle d'être pénétré. Je dirai qu'il s'agit, dans les deux cas, d'une défense prégénitale  contre l'angoisse de pénétration génitale. Celle d'un vagin qui doit se laisser pénétrer  ou qu'il s'agit de pénétrer par un pénis libidinal. Il s'agit donc bien encore de la différence des sexes, au niveau de la relation sexuelle elle-même.

Il semble donc que l'accession à la distinction des sexes ne constitue pas une plateforme de stabilité et de sécurité, et je pose l'hypothèse que ce que Freud désigne comme roc, c'est celui  de la différence des sexes .

J'ai soutenu l'idée que c'est un « travail du féminin », et  un « travail du masculin » qui assurent l'accès à la différence des sexes et son maintien, toujours conflictuel, et qui donc contribuent à la constitution de l'identité psychosexuelle. Celle-ci reste cependant instable, car il s'agit d'un travail constant, et constamment menacé de régression à l'opposition actif-passif ou  au couple phallique-châtré, qui soulagent tous deux le moi en « exigence de travail » (Freud) face à la poussée constante de la pulsion sexuelle.

Il faudra attendre, comme la femme l'attendra,  l' »amant de jouissance » pour que le « féminin » libidinal, génital soit arraché au corps de la femme. Il y aura là véritablement une expérience de différenciation sexuelle, de création du « féminin ».

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Dernière mise à jour : 29 janvier 2001
Page réalisée par Roland pour Attac 15ème